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Muets en Suisse, les grands producteurs de chocolat défendent la durabilité en Côte d’Ivoire
Mi-octobre, la Déclaration de Berne (DB) a envoyé un questionnaire à 19 producteurs de chocolat suisses portant sur la politique d’approvisionnement avec un accent mis sur les droits humains et du travail. A ce jour, plus de la moitié des entreprises n’ont pas donné réponse, dont Barry Callebaut, Kraft Foods et Nestlé. Pourtant, ces multinationales jouent un rôle de premier plan à la Conférence internationale du cacao pour une politique d’approvisionnement durable qui s’est ouverte hier (20 novembre 2012) à Abidjan en Côte d’Ivoire.
Les 19 entreprises qui ont reçu l’enquête chocolat avaient un mois pour répondre au questionnaire de huit pages de la DB sur la durabilité de leur politique d’approvisionnement :
Seuls Halba, Stella, Frey, Bernrain, Lindt et Maestrani ont répondu dans les temps.
Nestlé, Camille Bloch, Pronatec et Kraft Foods (Mondelez) ont promis qu’elles allaient le faire.
Le reste des entreprises n’a donné aucun signe de vie ou ont carrément refusé de donner des renseignements (p.ex. Läderach).
L’enquête doit montrer si et comment les entreprises de chocolat suisses travaillent au respect des droits humains et du travail sur leur chaîne d’approvisionnement. Les données récoltées servent de base pour élaborer des portraits d’entreprises avec des critères d’évaluation comparables. Ces portraits seront publiés fin février 2013 et serviront de guide pour orienter les consommateurs dans l’achat de leurs lapins de Pâques.
De nombreuses entreprises suisses prennent part à cette Conférence internationale du cacao organisée pour la première fois par l’Organisation internationale du cacao (ICCO), à laquelle participe également la DB. Les recommandations de la Déclaration finale de même que l’«Agenda global du cacao» pour le développement de la branche ont déjà été élaborés, en toute opacité et sans prise en compte des droits humains et du travail des enfants. Même les principes directeurs de l’ONU pour l’économie et les droits humains ne sont pour l’instant pas mentionnés dans ces documents, limités aux questions de sécurité d’approvisionnement industriel et d’augmentation de la productivité.
La conférence n’a pas lieu par hasard en Côte d’Ivoire, principal pays producteur de cacao. Pourtant les représentants des paysans locaux et autres ONG du sud doivent payer 295 dollars pour assister à la conférence. Un prix d’entrée si élevé qu’il rend sujet à caution la volonté des organisateurs d’asseoir tous les acteurs autour d’une table, quand on sait que le revenu annuel moyen d’une plantation de cacao est de 900 dollars. Lors de ses visites sur place, en préambule de la conférence, la DB a constaté que les producteurs ont deux revendications principales: ils attendent du gouvernement de meilleures infrastructures et de leurs acheteurs une augmentation des prix d’au moins 25%.
Plus d’informations sur www.ladb.ch/chocolat ou auprès de :
Célia Francillon, Déclaration de Berne, media@ladb.ch, +41 21 620 03 05
A suivre ...
La paupérisation des paysans et saisonniers est une des causes principales de l’exploitation des enfants dans les plantations de cacao. Cette situation désastreuse contraste fortement avec le nombre croissant d’initiatives pour la durabilité lancées par les grandes entreprises. Elle conduit les auteurs à recommander un «Living Income» pour tous ceux qui se trouvent les mains presque vides tout au début de la chaîne de création de richesses. Le baromètre montre aussi pourquoi des récoltes plus importantes ne conduisent pas automatiquement à des revenus plus élevés, contrairement à ce que beaucoup prétendent, et comment des baisses massives du prix du cacao influencent négativement la qualité de vie des paysans. Pour que l’Afrique de l’Ouest reste le plus grand producteur de cacao dans le monde, des mesures doivent être prises pour améliorer la qualité de vie des paysans. Concrètement, il faut, en plus de l’augmentation de la productivité, une hausse des prix du marché pour les paysans, de meilleures infrastructures et une culture diversifiée.
RépondreSupprimerLe président de la Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara, a également demandé une telle approche dans son discours d’ouverture lors de la Conférence internationale sur le cacao organisée fin novembre à Abidjan. C’est dans «l’intérêt de tous les participants de payer un prix satisfaisant aux paysans et d’assurer leur sécurité alimentaire à travers une culture diversifiée.»
Plus d’informations sur : www.cocoabarometer.org ou auprès de:
Andrea Hüsser, experte consommation à la Déclaration de Berne, +41 44 277 70 10, andrea.huesser@evb.ch