Le Fairphone est le premier smartphone dont le développement est fondé sur l'éthique, tant du point de vue environnemental que social ou même « philosophique »
Nos smartphones ont les mains sales et il faut que cela change. Si vous avez vu le documentaire de Franck Poulsen « Du sang dans nos portables » diffusé par Arte en 2012, vous savez sans doute que nos chers « ordiphones » sont conçus à partir de nombreux composants électroniques dont les matières premières sont extraites en Afrique. Si le coût financier de ces minerais est très faible, le coût humain et environnemental est catastrophique, en Afrique comme en Chine où ces appareils sont construits. C’est de cette injustice qu’est né le projet Fairphone, une entreprise dont le but est de proposer un téléphone plus éthique, plus écologique et surtout complètement ouvert. Une forme de pied de nez – et d’espoir – dans un monde high tech entaché de scandales humains et environnementaux.
Engagement consommateur
Pour proposer des appareils toujours moins chers et améliorer leurs marges, les constructeurs limitent leurs coûts au maximum, au détriment des plus faibles, c’est-à-dire les mineurs africains et les ouvriers chinois. Pour faire bouger les lignes il fallait non seulement concevoir l’appareil et les circuits d’approvisionnement, mais il fallait aussi compter sur de gentils souscripteurs qui, à la manière d’un Kickstarter, ont été prêts à débourser 325 € courant 2013 dans l’espoir que le Fairphone devienne une réalité début 2014. Un pari réussit, puisque les 25.000 premiers appareils ont bien été livrés. Mais pour moins de 325 €, on peut aussi acheter un appareil avec une fiche technique plus alléchante que ce Fairphone (voir la fiche technique), non ? Certes, mais le projet Fairphone est un engagement de militant. Et un pari sur l’avenir.
L’anti-Apple
Avec sa batterie amovible, son système de double SIM, sa mémoire extensible et son système ouvert (lire plus loin), le Fairphone est une réponse point par point à tous les défauts/limites/critiques qui ont pu être faites à l’iPhone et à son modèle ultra fermé. Mieux encore, les appareils ont à peine commencé à être livrés que l’entreprise annonce déjà la mise à disposition prochaine de pièces détachées et le célèbre site américain iFixit a déjà publié un post invité sur le blog de Fairphone. Ceci afin d’aider les utilisateurs à faire « vivre » leur téléphone le plus longtemps possible, et non pas le jeter une fois que la batterie est cramée ou l’écran cassé. Quant au magasin d’applications, libre à vous de passer par Google ou un autre. Bref, le Fairphone c’est un peu l’anti-Apple.
Geek et militant
La boîte du Fairphone contient des cartes postales « militantes » qui parlent aussi bien du minerai qui compose les composants électroniques de l’appareil, que du recyclage de vos anciens produits ou encore de la possibilité d’ouvrir et modifier votre appareil comme bon vous semble. Et quand on parle d’ouverture, cela touche autant la batterie amovible que le fait que l’appareil soit « root » (vous pouvez modifier le système sans hacker l’appareil) et donc ouvert à l’installation d’un autre système d’exploitation – une version Cyanogen ou Firefox OS par exemple. Cette approche très geek et proche de l’idéologie du logiciel libre va même plus loin puisque si le système d’exploitation préinstallé est bien une version d’Android (4.2.2), les applications Google sont absentes – un lien d’installation est proposé sur le bureau. Aussi, le grand public est de plus en plus soucieux de protéger sa vie privée et après le scandale Snowden qui a vu de nombreux groupe IT (Google, Microsoft, Facebook, etc.) être soupçonnés de collusion avec les services secrets américains. Dès lors, cette liberté est rafraîchissante.
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