Avec le pouvoir du sang féminin vient une
panoplie de croyances qui ont souvent été mal interprétées.
Dans
plusieurs cultures, les ethnologues ont pu
remarquer que les femmes menstruées et le sang féminin étaient considérés
« tabou »; elles doivent être évitées afin qu’elles ne contaminent
pas les hommes, leurs activités, ou leurs possessions. Mais ces
chercheurs n’ont pas su comprendre pleinement ces interdictions; ils n’ont
certainement pas compris leurs valeurs positives. Oui, les femme menstruées
peuvent être sujettes à des restrictions, mais elles sont également
considérées sacrées et puissantes.
Les femmes menstruées sont représentées
dans plusieurs cultures comme des déesses donneuses de vie ou comme
des démons polluants. Parfois,
un peu des deux. La vision négative se retrouve plus souvent là où un
clergé hiérarchique masculin contrôle étroitement l’idéologie religieuse.
La pratique hindoue du tantra inclue des rituels où l’on vénère le
cycle menstruel; dans le courant de l’hindouisme sanskritique, toutefois,
ces rituels sont considérés comme polluants.
Dans le Shinto japonais –
où les dirigeants religieux sont surtout féminins – les femmes menstruées
sont reconnues pour représenter le divin féminin.
Le bouddhisme
clérical pratiqué au Japon, en Chine, au Tibet et en Inde – où les
prêtres sont presque tous masculins – déclare que les femmes menstruées
sont sales.
La honte, la
peur et l’envie des menstruations
Dans la tradition chrétienne, la
malédiction menstruelle et la douleur de l’enfantement sont l’héritage de la
désobéissance d’Ève dans le Jardin d’Éden. En mangeant le fruit de la
connaissance, offert par le serpent, apporta ces punitions à toutes les femmes
mortelles. Jusqu’à ce jour, le sang menstruel est encore considéré comme impur
par l’Église catholique romaine. Une raison pour laquelle les pères de l’Église refusent
de permettre l’ordination des femmes en tant que prêtres est que leur sang
utérin polluerait l’autel sacré.
Dans la tradition juive, aussi,
les menstruations sont le résultat des actions d’Ève dans le Jardin d’Éden. La
femme menstruée, appelée niddah en hébreu,
doit suivre un code légal spécifique lui interdisant d’avoir des relations
sexuelles. Chaque mois, elle compte cinq jours de menstruation, et y ajoute
sept jours de pureté, durant lesquels elle plonge son corps dans la mikvah, un bain
rituel. La loi Talmudique stipule
que s’il est permit à une femme de cohabiter avec son époux après le bain, au
huitième jour, il ne lui est pas permis de prendre ce bain durant le Sabbat,
même si c’est son huitième jour.
Dans la société occidentale, les
femmes cachent leur saignement menstruel dans leur langage – par des
euphémismes – et en pratique. Les études ont démontré que plusieurs jeunes
femmes cachent leurs premières menstruations à leurs mères et partagent leurs
expériences avec d’autres jeunes femmes seulement après une certaine période de
temps. La psychologue Melanie Klein pense que ces filles agissent ainsi parce
qu’elles associent inconsciemment le sang menstruel avec l’urine et les
matières fécales, donc, avec la contamination.
La
croyance judéo-chrétienne a dépeint les menstruations comme une forme de
punition ou de souillure plutôt qu’un temps pour l’éveil spirituel et de
purification naturelle. Des attitudes anti-menstruelles ont tordu notre
compréhension du pouvoir du sang menstruel et des célébrations organisées et
conduites par les femmes menstruées. Le retrait des femmes de certains endroits
spéciaux lors de leurs règles a été interprété comme un signe de la dégradation
des femmes plutôt que de représenter les aspects positifs de la réclusion.
Il y a aussi eu une raison sociétale pour laquelle les femmes
minimisent leurs cycles menstruels : au tout début de la révolution
industrielle, les hommes doutaient que les femmes dans la main-d’œuvre
pouvaient être capables d’effectuer leurs tâches jour après jour. Les
réformateurs sociaux embauchèrent des chercheurs pour prouver que les femmes
pouvaient
effectuer leur travail lorsqu’elles étaient menstruées aussi aisément
que lorsqu’elles ne l’étaient pas. Ils conclurent que les femmes ne
démontraient aucune inefficacité dans les travaux manuels ou dans les
associations de mots durant leurs menstruations. Des études plus récentes
révèlent quelque chose de légèrement différent : évidemment, l’habileté pour la
routine physique diminuait quelque peu, mais la pensée créative et la
résolution de problèmes s’amélioraient vraiment peu avant et pendant les
menstruations.
Le résultat global est que pendant trop
longtemps les femmes occidentales ont eu à s’excuser pour leur sang féminin.
Il
est temps pour les femmes d’embrasser cette différente;
ensuite seulement les
hommes pourront-ils apprendre à respecter le pouvoir des menstruations.
La fierté féminine des menstruations
La honte
entourant les menstruations qui semblent faire partie de la société Occidentale
est une guerre culturelle contre la nature.
De même, les femmes Aymara vivant près du Lac
Titicaca, en Bolivie et au Pérou, croient que les menstruations nettoient et
renforcent leur spiritualité. Les ethnologues ont décrit ces femmes, qui ont
voyagé partout à travers les Andes pour pratiquer leurs habiletés shamaniques guérisseuses,
sont plus puissantes que les hommes guérisseurs. De l’avis de ces femmes, le
flux mensuel du sang les purifie et les renforce, les rendant spécialement
efficaces pour la guérison de problèmes reproducteurs comme la stérilité et
l’infertilité, ou autres problèmes comme le trouble entre amants.
Les femmes
d’aujourd’hui, indépendamment de leurs affiliations ethniques et religieuses,
pourraient développer des rituels pour célébrer leur divin féminin et leurs
menstruations. Durant cette période spéciale, elles pourraient faire des
pèlerinages jusqu’à des endroits sacrés pour s’harmoniser avec leur biorythmes
naturels et leur courant menstruel. En se
libérant elles-mêmes de l’idée dommageable qui veut que les menstruations
soient une « pollution » ou une « malédiction », et en réalisant des rituels
pour leurs temps de lunes, cela encouragerait leurs pouvoirs intuitifs et
spirituels, et elles seraient ainsi plus fortes dans plusieurs autres aspects
de leurs vies.
Les femmes
du mouvement spirituel de la Déesse rassemblent leur sang menstruel et
l’utilisent pour nourrir les plantes de la maison, ou pour peindre une toile
qu’elles montrent publiquement. Ces activités sont contraires à la vision des
menstruations comme étant la « malédiction d’Êve ».
Plutôt que de les voir
comme quelque chose d’embarrassant, de dégoûtant, comme un fléau pour les
femmes, le sang menstruel devient une forme matérielle d’énergie subtile –
propre, belle, créative et puissante – et c’est ce qu’il est.
Sans doute, la
leçon la plus basique de toutes est que les femmes peuvent atteindre des états
de conscience mystiques – et servir de guérisseuses shamaniques – en
considérant leurs corps et leurs fluides corporels comme étant intégraux à leur
spiritualité et non comme des obstacles envers celle-ci. Lorsque le sang
féminin est senti comme une matérialisation de l’énergie vitale, les
menstruations donnent aux femmes une voie spéciale vers la compréhension et la
guérison spirituelles.
Source :
Le
Sacré, le Dangereux et l’Interdit :
Les tabous
menstruels en tant que pouvoir féminin
Chapitre 13 du livre Woman in the Shaman’s body de Barbara
Tedlock, traduit et
adapté par Ishara Labyris
A toutes les so(u)rcières, filles de la Lune :
REPRENONS NOS DROITS !!!
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